Tournoi des Six Nations : un samedi noir en termes de jeu

Ce samedi 10 février nous a offert deux matchs peu enthousiasmants dans le contenu. Une baisse de niveau inquiétante mais prévisible qui dessert le Tournoi des Six Nations.

"Ce Tournoi sera le plus compétitif que nous ayons jamais vu" avait assuré Gregor Townsend, sélectionneur de l'Ecosse avant la première journée la semaine dernière. Il a dans un sens eu raison : aucun match à part le France - Irlande d'ouverture ne s'est soldé par un écart de plus de quatre points. Mis à part l'Irlande qui joue aujourd'hui sur une autre planète, l'homogénéité du Tournoi semble forte. En ce sens une bonne nouvelle pour la compétition. Mais c'est le niveau de jeu qui pose problème.

Le contenu proposé durant Ecosse - France (16-20) puis durant Angleterre - Pays de Galles (16-14) fut peu séduisant. Inquiétant pour le Tournoi des Six Nations ? Dans l'ensemble non. L'Irlande et l'Italie sont à leurs échelles à un excellent niveau. Mais le plan de jeu anglais, gallois ou même français depuis le début du tournoi interroge.

Ce n'est un secret pour personne, l'Angleterre et le Pays de Galles sont malades depuis quelques années maintenant. Dans la continuité de leurs derniers affrontements, les XV de la Rose et du Poireau nous ont offert une partition peu enthousiasmante marquée par une pauvreté dans les lancements de jeu. Qu'elle semble loin l'époque où ce match nous faisait vibrer avec des actions de grandes classe. Fin de cycle oblige, de nouvelles têtes sont apparues et tout est désormais à reconstruire des deux côtés. Le chantier gallois est immense et quant à l'Angleterre, même si elle a été entreprenante sur les premières minutes, elle semble incapable de produire quoi que ce soit sans rendre le ballon au pied.

L'Angleterre s'est imposée face au Pays de Galles 16-14 (AFP)

Mais le contenu de cet Angleterre - Pays de Galles n'a rien d'étonnant. Il est presque logique de voir ces deux formations proposer ce genre de prestation, dans le sillage de ce qu'elles ont produit durant la dernière Coupe du Monde. Cependant l'Ecosse - France lui fut une surprise plus importante en terme de contenu. Dans la lignée de leur défaite face à l'Irlande et même si il y a du mieux, les Bleus ont semblé incapables de produire un lancement de jeu. Côté écossais, même s'ils ont largement dominé les hommes de Galthié, c'est pour ainsi dire presque le néant sur cette rencontre quand on sait ce que les coéquipiers de Finn Russell sont capables de produire. 84 coups de pied dans la rencontre. Avec un temps de jeu effectif de trente-cinq minutes, c'est presque deux par minute. Une statistique terrible vu le potentiel des deux équipes pour jouer les ballons. Au lieu de ça, l'Ecosse et le France nous ont offert des scènes ubuesques de "ping-pong rugby", des fautes techniques... Pour le niveau international, cet Ecosse - France pourtant présenté comme l'un des meilleurs matchs de ce Tournoi sur le papier fut sans éxagération une purge dans le contenu.

Gael Fickou face à l'Ecosse (L'internaute)

Si le Tournoi s'est resseré en termes d'homogénéité, la courte victoire de l'Angleterre en Italie lors de la première journée l'a montré, c'est bien parce que le niveau de jeu de certaines équipes est en baisse. L'Irlande est au sommet de son art tandis que l'Italie continue sa belle progression. Mais l'Angleterre et le Pays de Galles produisent peu de jeu, à l'image de la France depuis le début du Tournoi. L'Écosse continue de retomber dans ses travers, cultivant la constance dans l'inconstance. On ne peut qu'espérer pour la suite du Tournoi un contenu plus appréciable que ce qui nous a été offert sur la journée d'hier.