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Instances internationales : le rugby français lésé ?

Depuis toujours, le rugby est dirigé en majorité par des anglo-saxons. Le manque d'influence du rugby français sur les instances mondiales est régulièrement questionné, et les décisions arbitrales de la Coupe du Monde 2023 ont ravivé le débat sur la planète ovale.


Bernard Laporte au siège de World Rugby en 2017

Le rugby est un sport créé en Angleterre, et ce n’est un secret pour personne, les Britanniques possèdent une emprise historique importante sur cette discipline. En témoigne, la plupart des instances mondiales du rugby sont d'ailleurs dirigées par des personnes issues du Commonwealth. D’un point de vu latin, il est souvent compliqué de se sentir impactant sur les décisions de l'instance internationale World Rugby. La France est justement arrivée très tard au sein de cette organisation, créée en 1886 par les quatre nations du Royaume-Uni, Angleterre, Ecosse, Pays de Galles et Irlande, rejointes par les trois principales nations de l'hémisphère sud en 1949, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud et Australie, et seulement ralliée par le pays tricolore en 1978. Cette institution mondiale, équivalente de la FIFA en football renferme bien des secrets ; une organisation au sein de laquelle les dirigeants de la Fédération Française ne sont pas souvent conviés. "On n’a plus de membre au Board de World Rugby, on a eu qu’un seul arbitre de champ pour représenter la France pendant le Mondial, on a très peu de membres dans les commissions et dans les groupes de travail.’’ explique Florian Grill, président de la Fédération Française de Rugby. La FFR le reconnaît, le rugby français n'a pas assez d'influence sur les instances mondiales, un problème qui peut se répercuter sur ses résultats.


Florian Grill, élu président de la FFR depuis le 14 Juin 2023, a profité des dernières actualités mouvementées au sujet de l'arbitrage de France - Afrique du Sud pour clarifier sa vision des choses. Ce dernier souligne la nécessité de renforcer sa présence et son influence au sein de World Rugby, expliquant que la France n'a pas assez d'impact sur les décisions des grandes instances de rugby. Il évoque un projet à long terme, axant son discours sur l'importance de renforcer le nombre de représentants français au sein de World Rugby. La FFR travaille constamment à augmenter son influence au sein des instances du rugby mondial, avec il faut le reconnaître, peu de succès jusqu'alors. La Coupe du Monde 2023 organisée en France, une fête majeure du ballon ovale, dans un pays présenté par le monde comme terre de rugby, contraste avec son faible impact sur les instances de son sport au niveau international.


Autre exemple pointé du doigt, le nombre d'arbitres français internationaux. Aujourd'hui, seul Mathieu Raynal officie pour World Rugby, la France est donc représentée dans l'arbitrage international par un seul arbitre, c'est autant que la Géorgie. Un chiffre beaucoup trop bas pour une nation aussi importante que la France. L'arbitrage est très, voir trop souvent sujet de débats dans le rugby, mais il est légitime de se demander pourquoi la plupart des arbitres sont britanniques ? Est-ce parce que c’est un sport trop peu répandu ? Combien de matchs de coupe d’Europe entre clubs français et britanniques ont été sujets de polémiques arbitrales ? Combien de matchs de Coupe du Monde ont été qualifiés de "vol" du côté de l'Hexagone ? Quand on regarde les arbitres désignés pour arbitrer la finale de la Coupe du Monde, seuls des arbitres anglais sont désignés. Un exemple frappant qui représente le monopole britannique sur le rugby mondial. A l’heure où ce sport tente de se développer dans le monde, tente d'ouvrir la porte à des nations émergentes et créer une vraie rivalité entre une pluralité d'équipes, l'ultra domination des pays anglo-saxons sur les décisions et la direction du rugby mondial apparaît comme une entrave trop importante.


"On a discuté assez fermement avec World Rugby parce que sur la vingtaine de commissions qu'on a au sein de World Rugby, il y avait finalement un ou deux Français à peine impliqués. On a besoin d'investir et de peser dans l'organisation World Rugby.”

Dernièrement, le rapport envoyé par la Fédération Française de Rugby à World Rugby concernant l'arbitrage du Quart de finale "pour progresser" témoigne de l'envie française d'être considéré par le rugby mondial : « Nous avons fait un rapport sur l’arbitrage. Pas une réclamation, car le match ne sera pas rejoué » déclare Florian Grill. C'est une avancée, peut-être la première fois que la Fédération Française réagit par rapport à des décisions arbitrales, qui ont provoqué le ras-le-bol de beaucoup d’amateurs. Autre première, World Rugby avoue avoir recensé plusieurs erreurs majeures d'arbitrage durant le France - Afrique du Sud le 15 octobre dernier : du jamais ou

L'arbitrage d'O'Keefe pointé du doigt

rarement vu. La pression médiatique, les mots d'Antoine Dupont, aujourd'hui un des joueurs les plus influents du rugby, expliquent peut-être cette décision. 1995, 2011, et maintenant 2023 ? Pour beaucoup, la France dans l'histoire de la Coupe du Monde a souvent été lésé par l'arbitrage. Avis peut-être trop subjectif , et il est important de ne pas tout confondre, l'arbitrage n'est, et ne sera jamais le principal responsable d'une défaite tricolore. "L'arbitre c'est comme le vent et la pluie il fait partie du jeu", disait Lucien Mias, ancien joueur du XV de France. Il faut toujours s'y adapter, et apprendre à jouer avec lui. Néanmoins, certaines décisions en défaveur de l'Equipe de France dans l'histoire du rugby resteront pour toujours sujettes à discussions, et la spéculation autour d'un désavantage des Français persistera. Aujourd'hui l'envie d'équilibrer les rapports est plus que jamais forte, et la Fédération Française travaille en ce sens. Au cours de cette Coupe du Monde, le rugby amateur a justement rappelé l'importance d'avoir des dirigeants influents au sein des instances mondiales. Bernard Laporte, destitué de ses fonctions pour des faits illégaux, permettait au moins de faire entendre la voix du rugby français à l'international. Aujourd'hui l'hexagone a perdu de l'influence sous la direction de Florian Grill, malgré une envie de changer les choses. Constat alarmant.


On ne peut pas penser que World Rugby souhaite délibérément désavantager le rugby français, mais les faits sont clairs ; la France du rugby est mise de côté et ses dirigeants manquent cruellement d'influence au sein des instances mondiales. Faire bouger les choses apparaît aujourd'hui comme nécessaire, car le rugby français, de part son histoire, son niveau de jeu, doit avoir la place qu'elle occupe, doit avoir une vraie incidence sur la direction de son sport. En ce sens, les discussions entre Florian Grill et World Rugby depuis le rapport envoyé sur l'arbitrage permettent de faire entendre la Fédération Française : "On a discuté assez fermement avec World Rugby parce que sur la vingtaine de commissions qu'on a au sein de World Rugby, il y avait finalement un ou deux Français à peine impliqués. On a besoin d'investir et de peser dans l'organisation World Rugby.” Assiste on à un bouleversement de la place de la France au niveau international ? Le temps apportera les réponses. Aujourd'hui, on ne peut qu'espérer des résultats qui fassent avancer les choses, pour le bien du rugby français, pour le bien du rugby tout court.

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