Coupe du Monde 2023 : le rugby est-il menacé ?
- Pablo Guillen
- 29 oct. 2023
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 31 oct. 2023
Le niveau de jeu proposé par les nouveaux champions du monde Sud-Africains laisse à désirer, un niveau de jeu en Coupe du monde qui a montré une bien mauvaise image de ce sport, aujourd'hui plus que menacé.

La Coupe du monde 2023 s'est achevée ce Samedi 28 Octobre, par un sacre de l'Afrique du Sud pour la 2ème fois d'affilée, pour la 4ème fois de son histoire. Et il faut le reconnaître, malgré un parcours difficile, un valeureux courage, le sacrifice et le don de soi dont ont fait preuve les Sud-Africains pour soulever le prestigieux trophée Webb Elis, le niveau de jeu affiché par les nouveaux champions du monde au cours de cette édition 2023 est proche du néant. Un jeu stéréotypé, caractérisé par une dépossession maladive, du jeu au pied haut pour mettre l'adversaire en difficulté ou encore du jeu de percussion à une passe, en bref, un rugby restrictif, qui apparaît être inquiétant pour ce sport. Est-ce la mort du "beau rugby" ? Sans vouloir rentrer dans un débat du beau jeu qui ne serait aucunement bénéfique, qui prend réellement du plaisir à voir jouer ces Sud-Africains, qui sont aujourd'hui plus que quiconque la tête d'affiche du rugby mondial ?
World Rugby avait annoncé vouloir favoriser le jeu en début de Coupe du monde, de belles paroles certes, néanmoins parties en l'air au fur et à mesure des rencontres. Paradoxalement, les nations émergentes comme le Portugal ou le Japon, (l'équipe nippone réputée pour jouer, symbole d'un rugby de mouvement et d'envolées spectaculaires) ont envoyé beaucoup de jeu en début de compétition, contrastant avec certaines équipes du Tiers 1, s'enfermant dans un système purement restrictif : l'Afrique du Sud, qui en finale a eu un temps moyen de 6,20 secondes pour sortir les ballons ou encore l'Angleterre, ne proposent pas ou peu de jeu. Fatalement dû à un niveau de jeu loin d'être poussé à son paroxysme, les quatre derniers matchs de cette Coupe du Monde ont soulevé peu d'enthousiasme, une mauvaise nouvelle pour l'image de ce sport à l'international.

Après la fin de cette édition 2023, une question semble au cœur du débat : faut-il jouer un non rugby pour être champion du monde ? La France et son amour du "french flair", le beau jeu à la française, qui a une nouvelle fois échoué dans la quête d'un sacre mondial en est l'exemple. Les Springboks, présentés comme "les meilleurs pour ne pas jouer au rugby" par le média NZ Herald, sans vraiment proposer de jeu, avec un système bien rodé et efficace, l'ont fait. Mais alors que devient le rugby ? En aucun cas il ne faut remettre en question la victoire de l'Afrique du Sud, qui a parfaitement joué son jeu, venant à bout d'un des parcours les plus difficiles de la compétition, avec quelques coups de chance... Cependant mettre en lumière un jeu aussi restrictif apparaît comme primordial pour ce sport et sa continuité, et pour montrer ce que devient le rugby international. Au-delà de cette victoire sud-africaine qui ne semble pas ravir tout le monde, le danger pour le rugby est plus profond. Si on remonte plus loin, le professionnalisme a bouleversé le monde du rugby, le jeu d'évitement, d'envolées fulgurantes a aujourd'hui laissé place à un jeu bien plus virulent, de collision. La tactique a également pris le dessus, et le rugby est aujourd'hui un sport qui ne provoque plus de grandes surprises. Ian Foster, sélectionneur des All blacks, s'interrogeait en milieu de Coupe du Monde :" le public va maintenant devoir choisir le rugby qu'il veut voir". Une déclaration qui résonne comme un ultimatum, opposant deux visions de ce sport.
Et effectivement, le rugby est sans doute à un tournant de son histoire. Quel amoureux du ballon ovale prend du plaisir devant un Irlande - Afrique du Sud, marqué par seulement 27 minutes de temps de jeu effectif, un match de poids lourd, de collisions ? Il semblerait aujourd'hui que deux camps s'opposent : ceux qui prônent un rugby d'évitement, de jeu, et les autres, s'attachant à un rugby de percussion. Encore une fois la professionnalisation y est sans doute pour beaucoup, les corps bodybuildés sud-africains en témoignent, contrastant avec les joueurs internationaux d'avant les années 2000. Un sport de plus en plus violent, qui doit essayer de s'adapter pour ne pas perdre l'attention de son public. La Coupe du Monde, décriée pour son niveau de jeu globalement bas a sans doute été l'exemple, le paroxysme de ce jeu limitatif. Alors quelles solutions trouver ? Le rugby, faiseur d'émotions, se heurte aujourd'hui à des affrontements stéréotypés, devant lesquels il est dur pour le public de prendre du plaisir. Les fédérations sont-elles responsables ? World Rugby doit-il faire plus ? Il apparaît en tout cas assez clair que le rugby est aujourd'hui en danger, et les prochaines années s'annoncent primordiales dans la tournure que prendra ce sport.
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